Reboisement 2024, une « initiative rare » selon le Père Paul DIARRA

Ong Caritas 28 janvier 2024

Les évènements de groupe sont toujours riches en enseignements et en échanges. Le reboisement réalisé le 27 janvier 2024, organisé par le diocèse d’Antsirabe en faisait partie. Pour nous locaux qui sommes de plus en plus habitués à ce genre d’actions collectives, rien de bien particulier. Mais le Père Paul Diarra nous a offert une autre manière de considérer la situation.

« Madagascar, une terre riche en nature… et en paix ! »

Le Père Paul Diarra s’était joint à la campagne de reboisement que le diocèse d’Antsirabe a organisé cette année. Durant un bref échange, il nous avait livré ses impressions et son avis. « Je viens du Mali, un pays ravagé par la guerre depuis plus d’un dizaine d’années. Ce genre d’activité, on n’en voit pas beaucoup chez nous. Pour moi, cet évènement est une initiative rare.

Pour commencer, à Madagascar, vous avez la chance d’avoir une géographie qui s’y prête. Le Mali est un pays très plat avec un climat chaud et sec. Nous avons peu de montagnes.  Cela ne nous permet pas d’avoir de bons rendements en matière de reboisement. Ensuite, je dirai que votre pays est paisible… en tout cas par rapport au mien. Les Malgaches ont donc plus de possibilités pour s’occuper de leur environnement et non seulement de leurs survies. Enfin, il ne faut pas oublier que ce genre d’initiative demande que la communauté soit sensible à la  question de l’environnement. Pour cela, il est nécessaire d’avoir des personnes qui parviennent à intéresser la population sur le sujet. Actuellement, chez nous, ce n’est pas encore le cas. Les politiciens sont occupés à leurs guerres de pouvoir et le peuple à sa survie. Vous avez la chance d’avoir une terre riche en nature… et en paix. Prenez-en bien soin. »

Presque un demi-siècle de reboisement à Antsahatanteraka

Ce reboisement était également l’occasion pour l’équipe de Caritas Antsirabe de s’entretenir avec le Père Rakotoson Jules Vlano, le premier responsable de l’Ecar Ferme Antsahantanteraka où le reboisement avait eu lieu. D’après ses dires, cela fait plus d’une quarantaine d’années que le diocèse organise des reboisements à cet endroit. Les participants sont divisés en deux groupes. D’un côté, il y a les paroissiens des églises. Et de l’autre, le personnel et membres des entités composantes du diocèse, des mouvements religieux, des commissions ainsi que les autres organismes affiliés comme Caritas Antsirabe Madagascar, ESSVA, Radio Haja ou la Librairie Catholique pour ne citer que ceux-là. En fonction des participants, la quantité d’arbres plantés varie sensiblement. Cela peut aller de 5000 à 10000, en fonction des jeunes plants disponibles.

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Il est à noter que les jeunes plants sont généralement donnés gratuitement par la Région de Vakinankatra dans son effort de rendre sa couleur verte à l’île. Mais de temps en temps, le petit Séminaire Notre Dame de l’Annonciation à Mandaniresaka en fournisse également. Pour cette année, il y avait eu des lots de jacarandas, d’eucalyptus, de pins et de hêtres.

taux de survie de 35% 

Père Vlano nous a confié un taux de survie de 35% pour la première année pour les arbres nouvellement plantés. Il déplore énormément ce chiffre dans la mesure où l’améliorer est tout à fait possible, mais difficile à mettre en place. Selon lui, la grande difficulté réside dans le manque de technicité au moment du reboisement. Il ne suffit pas de faire un trou et d’y déposer la jeune plante. Il existe des normes, des manières de planter, des gestes techniques que tous les participants ne connaissent pas forcément. Par exemple, il serait bien que  quelques jours avant le reboisement, une première équipe vienne pour creuser uniquement. Mais cela demande une bonne organisation et de l’initiative surtout avec les 15km qui sépare Antsahantanteraka de la zone urbaine.

manao lavaka

Ensuite, la zone à reboiser est très vaste, environ 40ha et non clôturé en prime. Cela rend la surveillance très difficile, tout d’abord, à cause du manque de personnel. Ensuite, parce que  Antsahantanteraka est une zone rurale avec une population à vocation paysanne et pastorale. La population riveraine a pris l’habitude de faire paître leurs bétails dans la zone à reboiser. Cela endommage fortement les jeunes plantes qui se font généralement piétinées. Dans les alentours, nombreux aussi sont ceux qui viennent couper clandestinement les arbres pour en faire du bois de chauffage.

Hazo tapaka

Enfin, l’entretien des jeunes pieds pose également problème. Comme l’a souligné Père Vlano, une fois le reboisement terminé, le reste est à la grâce de Dieu. Et le changement climatique qui se manifeste par une baisse des précipitations et une hausse de la température n’aide pas. Actuellement, l’entretien n’a lieu qu’une seule fois par an, durant le jour du reboisement lui-même. Pendant qu’une partie des participants se charger de reboiser, d’autres vont élaguer ou bien aérer les racines.

Des arbres bien utiles !

Gardons à l’esprit que l’objectif principal de ces reboisements est de participer à améliorer l’environnement local. Et cet effort commun porte désormais ses fruits.  Malgré les difficultés rencontrées, de grands arbres se tiennent maintenant debout à la ferme, formant une petite forêt. En ce qui concerne les vieux arbres, afin d’aérer la plantation, certains sont abattus et envoyés à la scierie de Lavatehezana. Ils serviront ensuite, principalement, à fabriquer des meubles pour les bureaux du diocèse et les églises.

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